jeudi 22 septembre 2011

Présentation du séminaire 2011-2012 : Le point de vue animal


Le point de vue animal



Peut-on parler d’un point de vue de l’animal ? Dans une approche épistémologique, cette idée a souvent pu paraître creuse. Certains auteurs, dans la lignée de Thomas Nagel, nient que nous puissions sortir du point de vue humain et de voir le monde à la manière d’autres animaux.

Et pourtant, ce concept pourrait bien être fructueux pour s’affranchir d’une considération uniquement objectivante de l’animal et, ainsi, penser le mode propre d’existence des animaux. C’est une voie suivie par une certaine éthologie de terrain (celle de Jane Goodall par exemple) et qui a été explorée avec succès par Uexküll et diverses éthologies d’inspiration phénoménologique. Plus récemment, Vinciane Despret nous invite à « Penser comme un rat ». Prendre en compte le point de vue de l’animal serait la condition même d’un discours scientifique sur les animaux. Une phénoménologie du point de vue animal est-elle possible ?

On pourra alors s’inspirer de diverses métaphysiques du point de vue (de Leibniz à Deleuze) pour penser le rapport de l’animal au monde ou la place de l’animal dans le monde. On échappe ainsi aux impasses de la dichotomie sujet / objet ou à la limitation introduite par la distinction anthropologique. L’animal peut devenir l’objet d’un véritable discours philosophique.

Enfin, l’idée de point de vue situé s’accompagne de conséquences éthiques et politiques. Il permet de penser des relations, des responsabilités à l’égard des animaux et peut-être même des revendications de leur part.

       La notion de point de vue de l’animal pourrait donc constituer un outil d’analyse pour un discours sur les animaux, et pour différentes disciplines. Il s’agira donc d’évaluer sa signification et sa pertinence au croisement de la philosophie et de l’éthologie, mais aussi de la littérature, de l’histoire ou de l’anthropologie.