jeudi 22 mars 2012

V. GLANSDORFF et Ch. STEPANOFF le 31 mars 2012

La prochaine séance du groupe de travail sur les animaux des Archives Husserl se déroulera

le samedi 31 mars, de 14h à 16h30


à l'Ecole Normale Supérieure, 45 rue d'Ulmsalle Pasteur.





Nous aurons le plaisir d'accueillir Charles Stepanoff, anthropologue, et Valérie Glansdorffphilosophe, pour un exposé sur :



Une communauté mobile hommes-rennes, les Tozhu : mise en perspective d’une expérience de la relation

En Sibérie méridionale, le passage de l’élevage naturel des rennes à un modèle d’élevage culturel et industrialisé a provoqué des bouleversements significatifs dans l’équilibre précaire entre les animaux, les hommes et leur environnement. La réponse la plus efficace aux divers dangers (loups, épidémies…) menaçant constamment les rennes a consisté à faire reposer la gestion des troupeaux non seulement sur la connaissance du comportement des bêtes, mais aussi sur la sollicitation de leur intelligence et de leur mémoire, leur accordant une grande autonomie.
Ainsi peut-on parler de véritable cognition partagée entre les animaux et leurs éleveurs. Il s’agira alors de se demander ce qui justifie une telle distribution des compétences. N’est-il pas illusoire de voir une responsabilité partagée dans un modèle de rapport qui n’est peut-être qu’une exploitation unilatérale des instincts du renne par l’homme ?

L’enjeu ne sera pas de déterminer quel peut bien être le degré de conscience d’un renne, ni s’il est possible et souhaitable de penser comme lui pour le comprendre mieux. L’on préférera s’interroger sur ce qui a mis en demeure les éleveurs Tozhu de collaborer avec leurs animaux et comment ils ont répondu aux circonstances problématiques de manière à les « faire exister » comme agents autonomes et non comme objets d’une rationalisation accrue. En effet, si le point de vue actif des animaux se dessinait déjà virtuellement avant le retour à l’élevage primitif, il demandait néanmoins à être instauré.

C’est autour de ce concept d’instauration tel que l’a élaboré le philosophe Etienne Souriau que se prolongera la discussion. Dans ce que Souriau appelle une situation questionnante, il s’agit d’instaurer un point de vue – ou un mode d’existence – qui ne témoigne du problème et ne se constitue pour ce qu’il est que dans la relation qu’il soutient avec le reste. L’on s’interrogera alors sur la possibilité d’un point de vue animal qui ne soit pas seulement déterminé par une série de fonctions faisant sens, comme on peut le trouver chez Uexküll, mais qui soit également ce qui crée une consistance commune entre différents êtres au sein d’une relation architectonique.